La France est
auto-proclamatrice de sa "grandeur". Qu'est-ce que la "grandeur de la
France"? Selon moi, c'est la nostalgie du XVII
ème siècle
telle que présentée par le "Lagarde et Michard", collection, symbole, de
manuels de littérature française des lycées et collèges par lesquels la
majorité des élites françaises actuelles fut formatée à notre culture. Que
dit ce manuel en introduction de ce XVII
ème siècle ?
"Le XVII ème siècle français
se place sous le signe de la grandeur. C'est le siècle où par l'éclat
des lettres et des arts autant que par les armes, la France domine
l'Europe".(édition du 4 ème trimestre 1967)
Dans ce manuel, les superlatifs pleuvent à chaque phrase : "
éclatante
époque", "
majestueuse"
époque, "
années glorieuses du règne de
Louis XIV". Bref le culte de notre culture et de sa domination ne
peut guère être porté plus à son paroxysme. Les communistes et les
autocrates de tous les pays n'ont rien inventé ensuite en matière
d'auto-promotion. Cette déraison collective auto-formatée se retrouve
aussi à propos d'autres époques, en particulier celle de Napoléon
Bonaparte.
On ne peut pas trouver d'éducation nationale plus partiale et imbécile,
plus centrée sur l'idée qu'elle se fait d'elle-même, plus étrangère au
sens critique, dont elle se glorifie pourtant, notamment en référence au
siècle suivant. Ce dernier n'est pas moindrement commenté, présenté comme
étant celui des "
lumières"...
dont le centre de gravité serait essentiellement la France et sa
révolution, même si elle fut précédée d'un siècle par la "
Glorious
Revolution" d'Angleterre et de deux ans par la constitution des
Etats-unis d'amérique de 1787. Bref une culture de beaux parleurs,
d'embobineurs et de menteurs, imbus de leur propres superlatifs.
La France serait aussi "le pays des Droits de l'Homme", le pays de la
révolution française et donc de la séparation des pouvoirs. Ils imposent
que "l'exécutif" exécute les décisions de justice et fasse respecter les
lois élaborées et votées par le parlement. Corrélativement l'exécutif
devrait mener une politique qui permette aux citoyens de respecter
honnêtement et dignement les lois. Les principes républicains sont en fait
devenus un autre pivot de mensonges.
Que signifie, par exemple, la condamnation à de la prison d'un père
divorcé qui n'a aucune ressource parce qu'il n'a pas d'emploi ou
d'allocations pour payer une pension alimentaire et alors que tout montre
qu'il s'organise pour pouvoir travailler ? Que signifie qu'un conseil de
l'ordre des avocats, qui se pose d'emblée en défenseur des avocats au lieu
d'être à la hauteur de sa qualité d'arbitre conféré par la loi, juge et
parti entre les avocats et les justiciables, n'applique pas à ce père une
aide judiciaire totale en refusant de reconnaître l'évolution négative de
sa situation ? Que signifie que l'on condamne une famille ou une personne
à quitter son logement parce qu'il n'a plus les moyens de payer son loyer
? Que signifie que l'on protège ceux qui maintiennent des parcs de
logements vides pour influencer le cours du marché de l'immobilier en
toute impunité et que des familles ayant des ressources qui font exploser
les plafonds restent dans des HLM ? Que signifie que l'on considère comme
normal qu'on licencie en prévision d'un meilleur bénéfice ? Que signifie
que le gouvernement fasse le VRP pour passer des contrats (et récupérer
éventuellement des rétro-commissions) alors que c'est le boulot des chefs
d'entreprises ? Que signifie que le gouvernement décrète des programmes et
des rythmes scolaires alors que c'est le boulot de la communauté éducative
? Que signifie que le gouvernement fasse des projets de lois alors que
c'est le boulot du parlement. Etc, etc, etc...
Au lieu de répondre à ce genre de questions, quantitativement massives, on
voit l'exécutif français considérer que la solution serait que les
pouvoirs judiciaires et législatifs devraient lui être totalement
subordonnés et accuser les refus concrets de cette conception d'être
"excessifs". La classe dirigeante a perdu la tête, de l'extrême gauche à
l'extrême droite, et depuis longtemps. C'est le reflet de notre partialité
culturelle. Le gouvernement, les gouvernements ne font pas leur travail,
ils veulent tout faire eux-même et les Français veulent des gouvernements
qui travaillent à leur place et soient responsables de tout. C'est le
règne du n'importe quoi.
On accapare la démocratie pour des raisons essentiellement
idéologiques. Le parlement et les partis politiques ne font pas leur
travail, les rédacteurs en chefs des médias sont soumis, soumis par
osmose culturelle, à des dirigeants cul et chemise avec les intérêts
économiques de quelques magnats. Les Français crèvent d'idéologie et de
mauvaise foi politique. Les Français crèvent de comportements criminels et
inconséquents qui s'ignorent et qu'on ignore comme tels. Comme les excès
des dirigeants sont identifiés en norme de neutralité et de la modération,
les Français crèvent d'accusation "d'excès" contre la neutralité et la
modération, quand ils posent de vrais problèmes concrets, étape
indispensable pour élaborer de vraies solutions.
Les Français sont malades de leur culture dominante, car c'est leur
idolâtrie de cette culture, riche mais aveuglante, qui imprègne les
esprits et empêche vraiment de prendre en compte la réalité de toutes les
personnes qui composent la société. La solution n'est clairement pas chez
ceux qui idolâtrent notre culture.
C'est d'une certaine manière la raison d'être de mon site.
Pour l’anecdote, j'avais cette page "France" en projet depuis longtemps,
mais je l'ai créée à l'occasion de la vengeance de Jean-François Copé et
de ses copains UMP contre Martin Hirsch, auteur d'un livre dénonçant les
collusions d'intérêts dans le bocal politique *. Je ne connais aucun des
protagonistes de cette petite affaire mesquine qui consiste ni plus ni
moins qu'à proposer aux députés de
"sabrer
la rémunération du président de l'Agence du service civique"
après leurs belles rodomontades électorales sur la nécessité de renforcer
le sens civique. Elle est typique de la réalité des relations politiques
en France : indigne de responsables politiques. "
Les
députés UMP "instrumentalisent la loi pour faire régner la loi du
silence" ".
Après soixante ans de méditations, je considère d'une manière générale que
la plupart des responsables politiques français sont absolument indignes
de leur rôle dans notre pays. Je ne sais pas exactement quelles étaient
ses motivations profondes, mais je comprends sous cet angle, lourd de sens
pour le PS, le refus de Jacques Delors de se présenter aux présidentielles
en 1995.
Il n'est dès lors pas étonnant pour moi que notre pays ait été aussi
gravement impliqué dans un génocide, celui des Tutsi au Rwanda de 1990 à
1994, après avoir d'ailleurs été impliqué dans le génocide des Juifs sous
l'occupation nazie. C'est une médiocratie crasse qui règne en France et
rares sont ceux qui ont la force de l'en dégager. La morale est
aujourd'hui considérée comme impudique. Cachez cette morale que je ne
saurais voir... Le misanthrope est devenu un bisexuel jouisseur.
Victorieux d'elle, il la voit dictatoriale, unique et condamnable, tel
qu'il pense ne plus être. Il a balancé son bébé avec l'eau du bain. Cette
confusion mentale, obsédée par une sexualité fric-bling inondante, devenue
fond de commerce médiatique et sociétal, presqu'institutionnel, nie tout
ce qui n'est pas confusion et imbrication néon-lumière. Un noeud de
vipères cathodiques dont chaque vipère refuse viscéralement de s'échapper.
Une dilution mentale absorbée par un trou noir inexorable.
Une médiocre campagne médiatique essaye de convaincre encore et toujours
que "la Françafrique n'existe plus". C'est un mensonge. Ce qui n'existe
plus c'est le monopole de la Françafrique dans les zones francophones.
Mais elle est toujours là au milieu des arrivants chinois, américains,
indiens et autres. La présence des nouveaux n'enlève rien à l'abjection
politico-militaire et incohérente du "pays des droits de l'homme" qui est
le seul à entretenir des bases militaires permanentes dans ces zones et à
contrôler, statutairement et effectivement, la monnaie d'une grande partie
de ces pays par un nazisme monétaire. Les nouveaux arrivant n'arrivent pas
encore à la cheville de l'abjection française qui serait aujourd'hui
"décomplexée", relève l'association Survie dont l'archéologue politique et
économiste François-Xavier Verschave fut le pertinent "nommeur" et
sonneur.
Je suis très profondément déçu par mes compatriotes au plan politique...
et pourtant on ne peut faire de la politique qu'avec ses compatriotes,
s'ils veulent bien laisser tomber le laid de la République, exploiteur de
leurs "cerveaux disponibles"...
page initiée le 5 novembre 2010 et constamment modifiée depuis.
*Pour en finir avec les conflits d'intérêts, Éditions Stock,
2010