J'ai regardé notre Président hier 10 février 2011 à la télé
Le titre de TF1 était mensonger : ce n'étaient pas des paroles de Français, mais la quasiment unique parole du Président face à des Français intelligents et très polis qui n'avaient le droit et le temps que d'écouter l'évocation superficielle des thèmes qu'ils voulaient aborder en profondeur. Le contexte était mensonger aussi car un Président qui se veut protecteur des Français et apporteur de solutions à chacun de leurs problèmes... ne se sent à l'aise que dans l'ambiance réduite et intimiste de quelques compatriotes triés sur le volet, dans un studio cageot qui ressemble à "un bureau de l'ANPE"... et a probablement été fabriqué spécialement pour l'émission... par mesure d'économie. Bref tout était emballage rustique du bling bling de la "communication" qui règne en France. C'est nul ! Y'en a marre des "communicants" qui ruinent notre pays et savent embobiner tous les esprits pour qu'on les croient indispensables et chèrement justifiés. C'est une secte, au vrai sens du terme, qui a pris la France en otage par l'hypertrophie de son rôle et de son idéologie de camouflage qui a cassé la réflexion des partis politiques.
Ce
qui me désole, et me réjouit d'un autre côté, c'est que
chacun de ces Français avait l'air beaucoup plus au fait des choses
qu'ils connaissent que le Président qui essayait de tout ramener à son
rôle en montrant qu'il connait très bien les aspects polémiques de ses
dossiers... mais le fond ? Ce qui me désole, et me réjouit d'un autre
côté,
c'est que tout ce que dit Sarkozy n'est pas dénué de fondement, mais
était sorti du contexte de l'émission et des questions, et donc souvent
hors de pertinence si on exclue la perspective électorale de 2012. Ce
qui me désole surtout c'est que Sarkozy ne voit pas, et ne verra
jamais, qu'il est un leurre presque sincère d'une politique dont il se
lave chaque matin, comme un adolescent qui commence à comprendre que le
monde est différent de celui de sa famille et de son milieu... et qui,
par attachement finalement narcissique, se met en posture névrotique de
vouloir concilier l'inconciliable : le mépris de son milieu,
l'arrogance du fric, le monde de Neuilly-sur-Seine et les problèmes de
chaque français. Je ne manipule pas un cliché en parlant de Neuilly.
J'ai grandi à Neuilly-sur-Seine de 9 à 20 ans, j'ai fréquenté le Lycée
Pasteur et la Paroisse Saint-Pierre je connais bien ce milieu. Je l'ai
quitté à 20 ans car je m'y sentais, de façon physiquement
angoissante, véritablement coupé du monde. Sarkozy est un "mec" de la
cité, celle des riches qui donne des leçons vulgaires à celles des
pauvres. Il a une potentialité de visionnaire jamais arrivée à
maturité. Il reste surtout persuadé qu'il doit être le super-héros de
son cinéma d'ados. Un gosse intelligent, mais étouffé, comme la graine
de la parole de Dieu étouffée par les ronces dans l'évangile. Il a
quand même un peu muri car il ne nous a pas parlé hier soir de ses
sentiments pour Carla !
Et pourtant je dois avoir l'honnêteté de saluer sa présidence sur deux points qui me touchent personnellement : d'une part le statut de l'auto entrepreneur, essentiel pour permettre des activités professionnelles, marginales, en germe ou en cours de réduction, sans que le citoyen soit étouffé par les charges délirantes des conceptions hégémoniques du modèle administratif dominant et d'autre part l'évolution, très timide certes, de la prise en compte de la responsabilité de la France dans son implication dans le génocide au Rwanda.
Alors au-delà du cas Sarkozy, que je laisse aux psychanalystes
le soin de développer, je me demande pourquoi en France ce sont des
personnalités de ce genre qui émergent... Je ne comprends pas cette
confusion mentale collective. Car qu'on l'accepte ou pas, Sarkozy
représente quelque chose du corporatisme français, de la mentalité
Alzheimer syndicale française, du patronat français, du monde éducatif,
de la
police et de la justice, du flou moral de chacun, de l'histoire
internationale de la France, de son inconséquence et de sa réputation
abusive. Pour moi Sarkozy est bien une vérité symbolique de notre
peuple au même titre que celle de l'équipe de France de foot en Afrique
du Sud, celle du hand-ball, du TGV ou d'Anne Lauvergeon, étonnante et
inquiétante patronne de la
technologie la plus dangereuse qu'elle maquille en une jolie puissance
de rêve, "Areva", héritière de la marche historique de l'énergie,
Jeanne d'Arc industrielle et scientifique, étonnante bourguignone
d'Orléans ET
inquiétante sorcière du Sahara bafoué des
Touaregs. Il symbolise aussi celle des immigrés de Hongrie, du Niger et
d'ailleurs qui croupissent en France dans le rêve
absurde que suscite notre pays dans les peuples pauvres, mais rêve
alimenté par notre exploitation inéquitable des ressources de leurs
pays et destructrice
de leurs environnements. Sarkozy a compris cela et nous a promis,
devenu subitement Président de l'Afrique par la magie des mots qui font
oublier le refrain de nos "caisses vides", qu'on allait développer
l'Afrique, rien que cela ! Il faudrait monsieur le Président commencer
par ne pas
nuire à l'Afrique dans notre organisation économique et sociale ...
La
France est en crise d'adolescence... une adolescente
inconséquente issue d'un monde d'illusions, d'imaginations,
d'inventions, d'élucubrations, d'histoires telles qu'on les raconte,
qui pèse plus sur la souffrance des pauvres qu'elle ne leur apporte de
soulagement, qui s'illustre par la conviction étrange que son hymne
national, particulièrement sanguinaire et épurateur ethnique, est un
point de fierté morale qui doit être respecté. L'humanité, notre mère,
l'ensemble des peuples, est très patiente avec la France... une
patience qui s'apparente à la "complicité" des mère d'ados, telle que
dénoncée hier soir par Sarkozy, qui protègeraient, selon lui, leur
absentéisme à
l'école. Pour parfaire le spectacle télévisuel d'hier soir, il y eut
ensuite sur "France 3" un débat sur les "bienfaits" de l'infidélité
"féminine"... qui, certainement choquerait la majorité des hommes et
femmes de l'humanité, je ne parle pas des français. Au fait comment se
peut-il que l'infidélité puisse être uniquement celle d'un seul sexe ?
Elle est nécessairement des deux sexes ensemble dans la majorité des
cas. La France est bien une adolescente incohérente, suffisamment imbue
d'elle-même dans le coeur de chaque français, pour se croire différente et supérieure
aux autres pays, même dans la philosophie de ses galipettes intimes !